Les questions de justice sociale, environnementale et climatique sont au cœur d’intenses conflits sociaux sur le continent latino-américain cette dernière décennie. Différents groupes sociaux dénoncent, de multiples manières, les atteintes à leur territoire, à leurs cosmovisions, à leurs lieux de vie et à leur santé. À cela s’ajoute une préoccupation croissante pour le changement climatique et ses impacts dans des espaces vulnérables du continent, touchés par l’érosion des sols ou la désertification, ce qui amène à s’interroger sur les évolutions des manières de vivre, de cultiver, de produire et d’habiter. Au sein des villes latino-américaines, la pollution de l’air, de l’eau et des sols est également une problématique croissante, notamment parce que ces pollutions touchent d’abord les populations les plus marginalisées (populations des quartiers défavorisés, migrantes, travailleurs précarisés, etc.). L’enjeu environnemental, pris sous l’angle sanitaire, permet donc aussi de réinterroger la question des inégalités sociales, de classe, de genre et de race.
Les projets de développement autour de l’extraction des ressources naturelles et leur exportation, qui constituent encore le cœur de nombreuses économies latino-américaines, se heurtent de manière croissante aux demandes de justice sociale et environnementale des citoyens. Les recherches récentes s’interrogent d’ailleurs sur le développement du capitalisme dans la région, sur l’avenir de politiques socioéconomiques redistributives conditionnées au cours des matières premières ou encore sur la consolidation de modèles agro-exportateurs..
Ainsi, les questions de justice environnementale et climatique prennent plusieurs formes en fonction des contextes sociopolitiques, des caractéristiques des territoires ainsi que des organisations sociales et de leurs trajectoires historiques. C’est autour de ces enjeux et à partir de la diversité des disciplines et des approches que le CEISAL propose de se pencher pour le congrès 2025 à Paris. Attentif.ve.s aux définitions plurielles des termes de justice environnementale et climatique, nous considérons que ces objets de recherche permettent de questionner une multitude de processus de demande de justice ainsi que la mise en valeur de nouvelles formes d’injustices sur le continent latino-américain. Enfin, réfléchir sur ces enjeux, à partir de l’Amérique latine et depuis nos institutions scientifiques européennes, apparaît d’autant plus pertinent à l’heure où l’Europe pense sa transition énergétique et sa politiques bas carbone aux frontières tout en s’inquiétant de son approvisionnement en matières premières.
