Exposition Alessandra Sanguinetti

, par Karyne Florid Gasparini

Alessandra Sanguinetti expose « Les aventures de deux cousines Guille et Belinda 1999-2004 ». Ses photographies ont été prises en Argentine, son pays d’origine.
Ce qui aurait pu être perçu, selon la photographe, comme deux « points presqu’imperceptibles » sur un horizon tout tracé devient sous l’objectif d’Alessandra, deux destinées d’adolescentes remplies d’imaginaire, de fantasmes, de jeux ou comment vivre « plus » dans une société dominée par les hommes, gauchos et fermiers.
La photographe retrace depuis 1999 et actualise, la vie de ces deux « gamines », icônes au centre de son œuvre, tout au long des différents stades de leur enfance jusqu’à leur entrée dans la vie adulte.
Au commencement, les deux filles s’amusent à se mettre en scène à la maison, dans la campagne, lors d’un bain, à l’intérieur et à l’extérieur, toujours ensemble, fusionnelles, et pourtant si différentes.
Alessandra parvient à capter cette sororité qui les attache l’une à l’autre, lors de mises en scène prosaïques de la vie quotidienne, cadencée par des évènements comme le mariage, l’anniversaire, l’enterrement, la fête. Mais ces scénettes puériles sont rapidement transcendées par l’irruption des mythes tragiques. Telles des Ophélie ou des Narcisse, survivantes enterrées, les adolescentes deviennent les actrices de leur propre destin.
La vie les rattrape, la sororité prend toute sa force, à la naissance d’un enfant, les deux femmes s’engagent, plus graves, sur un autre chemin. Leur corps a changé mais elles restent inséparables.
Les couleurs explosent en contrastes, la nature, l’eau, la terre, les arbres et les animaux familiers prennent toute leur place dans ce monde fantasmagorique. Les sentiments les plus profonds, joie, amour, tendresse, mélancolie et angoisse se lisent sur des clichés limpides et flamboyants.
Guille et Belinda, devenues mères, n’ont plus besoin de se déguiser, de poser ou d’imaginer des mises en scène accessoirisées pour vivre davantage, la vie elle-même engendre la fiction face au miroir.
Deux enfants au départ, anodines habitantes du bout du monde, grandissent sous l’objectif d’Alessandra Sanguinetti et deviennent les héroïnes attachantes d’une œuvre photographique troublante qui interroge sur la vie et la mort, la fiction et le réel, sur la dualité qui s’ouvre à l’autre.

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