Le documentaire raconte les voyages entremêlés de deux guérisseurs Kallawaya, Apolinar et Aurélio, entre le petit village de Lunlaya, aux portes du haut plateau bolivien, et la capitale, La Paz. Leurs parcours entremêlés nous invitent à réfléchir sur l’évolution des pratiques curatives et le rôle des textes anthropologiques dans la construction de la mémoire.
La médecine kallawaya est profondément enracinée dans les relations entre les règnes animal, végétal et minéral, et résulte d’un échange biologique et épistémique entre les trois niveaux écologiques andins : l’altiplano, les vallées et les terres tropicales. Plus généralement, cette médecine, forgée au fil des siècles par des médecins itinérants qui ont parcouru une grande partie de l’Amérique latine, témoigne de l’imbrication des connaissances et de la coévolution avec la biodiversité à l’échelle continentale.
En 2003, l’UNESCO a déclaré la science et la consommation du peuple kallawaya patrimoine oral et immatériel de l’humanité. Reconnue pour la richesse de sa pharmacopée et ses rituels thérapeutiques qui mobilisent les éléments fondamentaux — la terre, l’eau, l’air et le feu —, la médecine kallawaya est pratiquée aussi bien dans les communautés de l’Altiplano que dans les cliniques de la ville de La Paz. Le film montre l’interdépendance entre la transmission du savoir kallawaya et la possibilité de continuer à habiter le territoire et à entretenir une relation sacrée avec les écosystèmes, les éléments et les lieux spirituels. L’histoire d’Aurelio et d’Apolinar révèle à la fois la capacité de cette médecine à s’adapter au monde moderne et les risques liés à son affaiblissement.